Par Philippe Idlas,
dimanche, septembre 4 2022.
Bibliographie › Économie politique
David Graeber (1961-2020), docteur en anthropologie, économiste et professeur à la London University, a été l'un des participants au mouvement Occupy Wall Street. Il a notamment publié en France, aux éditions Les Liens qui libèrent, Bureaucratie en 2015 et le très remarqué Bullshit Jobs en 2018.
Dans ce livre de 667 pages, avec 180 de pages de bibliographie, David Graeber dresse un portrait de la dette au travers des âges et met en perspective les mensonges, les mythes, les erreurs méthodologiques commises par les penseurs, les philosophes et les économistes qui défendent le système capitaliste.
Ce livre est né d'un travail particulièrement précis, minutieux, et incroyablement documenté et sourcé, dans une sorte d'hommage, selon les propres mots de l'auteur, aux travaux de Marcel Mauss (1872-1950), et notamment à son Essai sur le don.
Partant d'un travail d'anthropologie autour des questions morales relatives à la dette et en s'appuyant sur la survivance dans des peuples premiers de ces lois morales, il dresse, en faisant des allers-retours entre l'histoire et l'anthropologie, une histoire de la dette qui nous permet de comprendre les errements du système capitaliste qui repose entièrement et uniquement sur la maîtrise par un petit nombre des rênes de la finance et de la banque.
La grande question à laquelle se livre répond est :
Est-il réellement honteux de ne pas rembourser ses dettes dans un système capitaliste ?
Cela va en choquer certain de poser ainsi la question. Et, pourtant, à la lecture de ce livre, et au vu de l'histoire ancienne et récente, il apparaît très clairement que répondre par la négative respecte les lois morales de l'humanité. Non pas celles qui ont choisi l'argent comme seul horizon matérialiste et spirituel mais celles qui remettent l'humain au centre de tout et dans toutes ses dimensions.