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Mais pour quoi voter ?

Voter n'est-il pas finalement la seule liberté politique qui nous est encore accordée pour faire perdurer cette comédie qui se nomme encore démocratie ? Même les gouvernements sociaux-démocrates, qui sont loin d'être des révolutionnaires pourtant, sont farouchement combattus par ceux là-même qui de tout temps se sont vendus corps et âmes aux puissances d'argent.

voter, avr. 2022

L'extrême droite, qui n'a jamais vraiment été l'ennemi, penchez-vous dans les archives militaires et civiles anglaises, françaises, russes et américaines du début du vingtième siècle, ressort des caves de l'histoire et s'invite dans les parlements de l'Europe. L'épouvantail ultime de tout le monde soit disant civilisé et occidentalisé  reste le communisme et cela en sera ainsi tant que la pax americana tiendra le haut du pavé.

Alors la question se pose. À quoi cela sert de continuer d'aller voter si quelque soit le vainqueur non seulement rien ne change mais tout se dégrade globalement.

Voter n'est-il pas devenu moins signifiant que de payer ses impôts, faire ses courses, partir en vacances ? Si le vote pouvait vraiment remettre en cause l'ordre établi serait-il encore légal ? Que deviendrait les capitalistes dans un monde où l'argent-roi, contrôlé et géré par ceux qui gouvernent et qui définissent les lois, n'était réellement qu'une commodité pour faciliter les échanges ? Sommes-nous assez naïfs et naïves pour croire qu'une révolution populaire reprenant le contrôle des banques, des crédits et des dettes ne serait pas farouchement combattue par les forces réactionnaires qui contrôlent l'armée, la police, les services secrets et tout l"appareil d'état ? Ne pensez-vous pas que les capitaux investis dans une économie locale ne le sont et ne peuvent l'être que si les propriétaires de ces rentes touchent les fameux dividendes et que tout ceci est directement corollé à des peuples travailleurs, asservis, dominés ?.

Voter ce n'est pas choisir. Cela l'a-t-il jamais été ? Les candidats "révolutionnaires" ne se retrouvent jamais au second tour des élections présidentielles. Les candidat.e.s en passe d'être élus président de la république française, puisque nous sommes dans un régime présidentiel et ce, de plus en plus, ont-ils jamais proposé des choix de sociétés incompatibles avec le libéralisme, le capitalisme, le marché ? La question est rhétorique.

Ainsi voter devient un acte civique. Ce n'est pas un acte politique.

La question se pose alors de savoir s'il faut continuer à voter, si cela sert à quelque chose d'autre qu'à confirmer, élection après élection, qu'il n'y a aucune autre alternative au système capitaliste ?

Voter pour faire barrage... Mais le front républicain a volé en éclat avec l'arrivée de Macron à la présidence de la république. Aujourd'hui le front républicain consiste à faire barrage aux idées réformatrices de la gauche sociale que d'aucun brocarde comme l'ultra gauche, l'extrême gauche, la chienlit, etc.

Ne nous laissons pas berner par le discours lénifiant des 'directeurs de la pensée' ; ils sont multiples et délivrent les "bons" messages moraux tous les jours sur tous les médias, et sur tous les tons. Le narratif du système capitaliste mondialisé est bien rodé :

  • L'économique et le politique ne sont pas corrélés. MENSONGE
  • Les lois économiques sont naturelles ; il n'y a donc pas d'alternative au capitalisme. MENSONGE
  • Le darwinisme social récompense les plus méritants. MENSONGE
  • Le capitalisme est la seule réponse économique viable aux Lumières. MENSONGE
  • L'égoïsme humain, à savoir privilégier son propre intérêt, trouve son équilibre dans les lois du marché. MENSONGE

Les relations internationales entre les états sont construites. Les relations économiques sont construites. Les relations interpersonnelles dans la sphère nationale et locale sont construites. Tout cela s'inscrit dans un processus historique qui remonte pour certains à la constitution des trois grandes religions monothéistes et pour d'autres à l'émergence des nations dès la fin du moyen-âge.

Voter n'est pas en soi une décision citoyenne. Encore faut-il savoir pour qui et plus fondamentalement encore pour quoi voter ?

Nous sommes à la veille de participer (en votant ou en restant chez soi) à la 11 ème élection d'un président de la cinquième République française au suffrage universel direct. N'oublions pas que le Général de Gaulle a été nommé par un suffrage indirect président de la République en 1958 avec un taux de participation soviétique ou chinois ou coréen, je vous laisse apprécier, de 99,42%. Il a lui-même obtenu 78,51% des suffrages car pour préserver la démocratie deux autres candidats "virtuels" s'étaient portés candidats.

Beaucoup est à dire sur l'élection de dimanche. Tout d'abord dans la forme.

La campagne officielle a été ralentie cette année par la volonté présidentielle de se représenter et d'attendre la dernière échéance pour le signifier au corps électoral. Je le dis tout net c'est un procédé digne du bonneteau.

Le candidat surprise cette année est un chroniqueur de plateau télé. Il a beaucoup fait parler de lui grâce à son amitié toute personnelle avec le propriétaire de l'un des médias politiques d'extrême droite les plus en vue en France, à savoir CNEWS.

Le candidat de la France insoumise avec toute son équipe a, de nouveau, et comme en 2017, beaucoup donné en interviews, meetings, déplacements jusqu'à réitérer une retransmission dans 11 villes différentes en réutilisant son artifice de l'année dernière à savoir la transmission de son hologramme. Chapeau l'artiste !

La candidate de la droite française a de nouveau payer des figurants pour faire nombre dans ces meetings politique autour de sa candidature. Aucun commentaire.

La candidate de l'extrême droite française s'est contentée de ses bons scores dans les enquêtes d'opinion pour faire profil bas et éviter de dire trop de conneries qui pourraient la desservir. Elle a au moins appris quelque chose de sa défaite de 2017.

La campagne se déplace quotidiennement et de plus en plus vers les réseaux sociaux. Les mass media se contentent de faire des grands shows télévisuels en mettant en scène "les bons clients" que sont les nouveaux venus et les "grandes gueules".

La pauvreté des journalistes politiques est telle qu'ils ne trompent plus personne. Du moins je l'espère. Leur questionnement est univoque. Nous sommes dans le camp de la liberté. Nous sommes les alliés inconditionnels de la plus grande et belle démocratie au monde, les Etats-Unis d'Amérique. L'Europe c'est la paix. La France est un beau pays où il fait bon vivre. Il suffit de regarder la masse de ces "indigents" qui veulent passer nos frontières, et la masse, qui ne cesse de progresser des pauvres, et qui restent. Si vous n'êtes pas contents allez donc voir en Chine, en Russie, en Corée du Nord,... Avec ça en poche, vous devez pouvoir intégrer n'importe quelle rédaction dans l'hexagone.

Enfin, n'oublions pas, même si cela est beaucoup plus modeste qu'en 2017, car malgré tout, le président sortant nous a gouverné pendant 5 ans et ce n'est plus un "jeune premier", la douce ritournelle qui dans le même souffle nous intime d'aller voter, et forcément d'aller voter la reconduction d'un système qui a fait ses preuves même si tout n'est pas parfait en s'appuyant d'un côté sur l'épouvantail de l'extrême droite et de l'autre sur l'aventurisme qu'il y aurait à propulser à la présidence de la République l'ami des dictateurs sud américain.

Voyons maintenant les questions de fond que cet événement programmé de notre agenda politique pose.

Voter est-il utile ? Cela sert-il encore à quelque chose ? Que reste-t-il aux citoyens comme raisons s'ils ne sont ni militants politiques, ni activistes pour réellement exercer ce droit ? J'en profite pour rappeler aux autres "emmerdeurs" que la République défini des droits et non pas des devoirs. Le fondement constitutionnel de la République française est la déclaration des droits de l'homme et du citoyen.

Ne confondons pas le droit de vote et l'obligation de voter. Il n'y a en France aucune obligation à voter. Est-il moralement obligatoire de voter parce que ce droit a été si durement conquis ? La question se pose maintenant, et depuis quelques années surtout, parce que la démocratie représentative est en panne. Les chiffres de participation sont en baisse continuelle. L'élection présidentielle ne fait plus recette. Ses chiffres de participation sont passés depuis 1965 de 84% à 74% en 2017. Seul un autre banquier de Rotschild a fait un moins bon score en 1969 avec 69%. L'actuel président gouverne donc avec une minorité de suffrages exprimés de 34%. Jusqu'où cela peut-il tomber ?

Il est remarquable de constater que les présidents ne tiennent jamais compte des résultats. Ils ramènent la démocratie à un jeu. Nous y revoilà. J'ai gagné donc je fais ce que je veux et ils ajoutent malicieux, je fais ce que je veux DÉMOCRATIQUEMENT. J'ai été élu, je fait donc maintenant ce que je veux et j'applique mon programme. Si seulement un tiers des français se sont exprimés pour moi, tant pis pour les 70% des autres, les "emmerdeurs" qui n'ont pas votés ou qui ont voté contre moi.

Il me semble que c'est cela le vrai problème politique.

À nouveau la classe politique se défausse sur l'individu. Nous sommes, en tant qu'individu, l'alpha et l'oméga, de tout ce qui fonctionne et de tout ce qui est en panne. Il ne saurait en être autrement puisque telle est la conviction des libéraux qui ne cessent de ramener le macroéconomique et la politique au microéconomique et aux comportements de l'homo œconmicus que nous sommes à leurs yeux quand nous avons un rôle à jouer dans la société. Sinon nous ne sommes que des indigents, des pauvres, des complotistes, des "gilets jaunes", des "emmerdeurs", des "tricheurs", etc. Autant dire la partie négligeable d'un électorat qu'ils supportent, tout de même à l'écart de leurs progénitures, si elle ne fait pas trop de vague. Sinon la police et la justice mettront bon ordre à tout cela. ET ILS LE FONT.

Alors justement, voter devrait nous permettre de changer cela. De pousser vers la plus haute instance politique de notre société un homme de gauche, un anti-capitaliste, un humaniste, un homme du peuple... Oui, bien sûr. Et j'espère que dimanche soir, le représentant de la France Insoumise sera présent au second tour et que le peuple de gauche se réunira derrière lui pour battre le candidat ou la candidate du système capitaliste mondialisé qui sera face à lui.

Je l'espère et j'y crois même un peu. Un peu plus qu'en 2017.

Je répondrai cependant sans détour à la question, devons-nous voter ? NON. C'est un droit que je peux exercer ou non. C'est cela un droit. Le seul fait de l'exercer ne garantit pas que la classe politique nouvellement élue respectera la constitution. Le droit de vote doit être effectuer en conscience. Et la classe politique nouvellement élue doit agir de même en tenant compte des résultats et en gouvernant pour le peuple et non pas seulement pour une petite frange de ceux qui ont voté.

Dans nos démocraties occidentales le problème politique est un problème de démocratie sociale. Les systèmes politiques ne sont pas souverains car seule la souveraineté du peuple des travailleurs est légitime. Elle ne peut donc être qu'internationaliste. Les politiciens qui deviennent des hommes d'état sont sur les feuilles de paye des puissances d'argent dont ils deviennent les débiteurs.

Simplement voter ne changera pas cela.

Philippe Idlas

Auteur·rice : Philippe Idlas

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