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C12H17N2O4P, la fenêtre sur les perceptions extra-sensorielles

L'ayahusca est un breuvage traditionnel à base de lianes, qui contient de la psilocibyne, un puissant hallucinogène qu’on retrouve dans différents champignons. En l’absorbant au cours d’une cérémonie guidée la terrible sensation de malaise s’estompe et laisse place à une sorte de réalité augmentée.

Psilocybine, nov. 2023Selon wikipedia, La psilocybine fut isolée par Albert Hofmann en 1958 à partir de sclérotes du Psilocybe mexicana Heim, cultivée au laboratoire du Muséum national d'histoire naturelle de Paris par Roger Heim. Le mot psilocybine est dérivé du genre de champignon nommé psilocybe, formé des deux mots grecs ψιλός / psilós, « lisse », et κύβη / kúbê, « tête ».

Un effet psychotrope apparaît dès 1 mg de psilocybine même si les doses courantes varient de 4 à 10 mg2. Cependant l'étude de 2006 en Angleterre par R. R. Griffiths, W. A. Richards, U. McCann et R. Jesse, a utilisé 30 mg/70 kg pour occasionner un profond voyage qualifié d'expérience mystique. Les teneurs en psilocine/psilocybine dans les Psilocybe cubensis sont de l'ordre de 0,14–0,42 %/0,37–1,30 % dans le champignon entier (0,17–0,78 %/0,44–1,35 % dans la tige), respectivement.

C’est une réalité qui trouve son explication scientifique dans les connexions démultipliées d’un cerveau sous psilocybine ! La psilocibyne augmente les connexions entre les neurones mais aussi la croissance des cellules nerveuses, ce qui permet au patient de créer de nouvelles pensées et émotions.

Elle permet aussi un saut qualitatif des pensées, comme l’explique la lettre Santé Corps Esprit :

Elle connecte certaines régions du cerveau qui ne se "parlent jamais" en temps normal ! Les scientifiques parlent d’une "expansion de l’esprit". On peut dire que la psilocybine ouvre de nouvelles "portes de la perception ".

Ses effets sur la dépression

Dans une étude parue dans le Lancet Psychiatry, des personnes atteintes de dépressions graves et résistantes aux médicaments, ont reçu deux doses de psilocybine, à 7 jours d’intervalle. Résultat, plus de 50 % d’entre eux sont sortis de leur dépression, avec une amélioration qui a été durable. Ce résultat a été confirmé dans une autre étude qui a été menée sur vingt personnes.

Selon Amanda Feiling, de la Fondation Beckley, qui a participé à l’étude :

[...]Il s’agit d’un succès sans aucun équivalent qui pourrait révolutionner le traitement de la dépression.

Après avoir pris la psilocybine, certains ont dit avoir ressenti une sorte de réinitialisation de leur cerveau. D’autres témoignages font état d’améliorations majeures en cas de migraines ou encore pour aider à traverser un deuil ou affronter un cancer.

L’Agence américaine du médicament, Food and Drug Administration, a d’ailleurs ouvert la porte à la "médecine psychédélique", en accordant à la psilocybine le statut de "traitement révolutionnaire".

Évidemment, ces traitements - qui ne sont pas autorisés en France - ne peuvent être administrés que sous la plus méticuleuse surveillance médicale.

Le fabuleux pacte de la Nature

Un des plus grands spécialistes mondiaux des champignons, l’américain Paul Stamets, estime pour sa part qu’ils ont une intelligence particulière. Ils seraient là pour faire passer un message aux êtres humains, pour leur faire saisir l’unité et l’interconnexion de toute matière et de toute vie.

Certes il faut "l’esprit ouvert" pour accepter de considérer cette hypothèse.

Mais les guérisseur.e.s qui utilisent l’ayahuasca depuis des siècles, les sorciers africains qui connaissent la puissance de l’iboga pour faire voyager les esprits, ou les aztèques qui utilisaient la sauge divinatoire à des fins religieuses connaissaient eux aussi les bienfaits spirituels à attendre de cette merveilleuse collaboration.

En réalité, cette notion d’interconnexion est au cœur même de la vie naturelle. Elle en est la structure centrale. Ainsi, 90 % des plantes terrestres entretiennent avec les champignons des relations discrètes, étroites et fructueuses depuis environ 370 millions d’années.

Le champignon non seulement pénètre et enveloppe les racines de l’arbre, mais il développe son réseau de filaments dans le sol alentour. Il s’étend bien au-delà des racines de son hôte pour se mêler aux racines des autres arbres et il se connecte avec les champignons partenaires et les racines de chaque nouvel arbre rencontré. Il en résulte un vaste réseau d’échanges aussi bien de nutriments que d’informations, par exemple sur l’imminence d’une attaque d’insectes.

En échange de ses services, le champignon réclame aux arbres sa rétribution "sous forme de sucre et de glucides".

Et parfois la coopération va encore plus loin.

Le clitocyte laqué bicolore, un champignon vivant en symbiose avec le pin de Weymouth, emploie les grands, les très grands moyens.

Quand l’azote vient à manquer, il émet une substance toxique qui provoque la mort des minuscules animaux qui vivent dans le sol, dont les cadavres, en se décomposant, libèrent de l’azote et les transforment ainsi en engrais pour l’arbre et le champignon.

Voilà de quoi sont capables certains champignons.

Philippe Idlas

Auteur·rice : Philippe Idlas

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