La diététique chinoise à notre secours
Publié le mardi 24 mai 2022, 11h54 - modifié le 14/06/24 - Alimentation - Lien permanent
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L'alimentation est un sujet d'une importance telle qu'il croise toutes les dimensions, des plus spirituelles aux plus matérielles. C'est un pilier de la vie humaine et animale. La somme des activités humaines qui tournent autour de l'alimentation en font l'un des secteurs les plus riches en terme monétaire, économique, technologique, scientifique et social.
Librement tiré de Vérités Santé Pratique numéro 76.
Se nourrir est une activité multi-quotidienne qui a des impacts dans tous les domaines de la santé humaine. C'est la première thérapeutique et c'est un domaine dans lequel nous ne sommes pas vraiment préparé à prendre les bonnes décisions pour soi et pour nos proches.
Les messages, conseils, injonctions sont diffusés sur tous les médias, tous les jours et nous laissent seul face à nos peurs, nos interrogations et nos envies...
Cela peut sembler assez incroyable que nous en soyons encore là dans les pays riches, à se demander encore ce que bien manger veut dire. Tout commence avec l'agriculture qui n'est malheureusement pas encore assez naturelle et écologique pour mettre à notre disposition des aliments sans molécules synthétiques.
C'est là que les millénaires de la diététique chinoise peuvent nous aider à y voir plus clair sur des questions aussi essentielles que :
- Faut-il plutôt manger cru ou cuit ?
- Faut-il boire beaucoup ?
Selon la médecine chinoise, l'estomac, viscère Yang associé à l'élément Terre, est un peu comparable à une casserole qui a besoin de feu pour décomposer le bol alimentaire. C'est la rate, organe Yin associé à l'élément Terre, et les reins, autre élément Yin associé à l'élément Eau, qui apportent le feu à l'estomac.
Si la rate ou les reins sont déficients, ensembles ou séparément, nous expérimenterons une digestion diffcile avec des lourdeurs, des flatulences, des gonflements abdomineux, froid aux pieds ou aux mains, une fatigue après le repas, des selles molles, voire des diarrhées.
D'évidence, il faut de la chaleur pour digérer. Les aliments, pour être correctement digérés, doivent être à la température de l'estomac soit à 38°C. Plus l'écart avec cette température est important plus le corps devra produire d'énergie pour digérer. À la longue, ce genre de gaspillage sape nos réserves énergétiques et nuit à notre santé.
L'erreur du cru
Au vu de ce qui a été dit précédemment, tout aliment absorbé cru va demander au corps une plus grande quantité d'énergie. Cela est d'autant plus vrai si l'aliment n'a pas été émincé finement ou mâché suffisamment longtemps. L'assimilation des précieuses vitamine, oligoélément, minéraux ou enzyme, très présents dans l'alimentation crue, risque de nous coûter très cher en valeur énergétique, avec au bout du compte une balance nutriment/énergie qui n'est pas des plus favorables.
Cependant,
le cru est tout de même plus riche en vitalité et en éléments indispensables à la vie (acide gras essentiel, enzyme,...). De plus, il est vrai que la cuisson détruit tout ou partie de ces nutriments. Surtout les cuissons à très haute température des cocottes minutes. La cuisson vient dénaturer l'aliment qui a déjà été largement mis à mal par les moyens de production intensifs et les modes de transformations industriels.
Alors, que faire ?
La cuisine chinoise résout ce dilemne de manière élégante. Il suffit de cuire partiellement la plupart des aliments en les mangeant "semi-crus" ou comme le disent nos amis italiens, "al dente". Seules les céréales devront continuer à être complétement cuites pour être digérées. L'option idéale est donc la cuisson à la vapeur ou mijotée au coin du feu. Les cocottes Baumstal et les tajines sont d'excellentes formules.
Comment faire quotidiennement ?
La quantité d'aliments cuits ou crus que nous pouvons ingérer va donc dépendre de l'état de notre feu digestif, c'est-à-dire du Yang de la rate et aussi partiellement du Yang des reins.
Avec un feu digestif fort,
il est possible de se contenter d'une cuisson modérée et d'absorber une plus grande quantité de crudités. Attention cependant de ne pas tomber dans l'excès du cru qui , à terme, lèsera le Yang de la rate.
Avec un feu digestif faible,
il convient de faire attention. Les aliments seront la plupart du temps cuits. Ils seront alors moins nourrissants mais mieux digérés ce qui favorisera une assimilation correcte des nutriments restants. Il faudra penser à découper les aliments finement et à bien les mastiquer.
Quel est votre feu digestif ?
Si vous avez au moins trois signes de la liste qui suit, le cru doit être limité. Si vous avez cinq signes, le cru est fortement déconseillé :
- vous n'avez pas d'appétit,
- vous avez une digestion lourde,
- vous avez une digestion longue,
- vous êtes fatigués après les repas,
- votre ventre gonfle après les repas,
- vous vous refroidissez après les repas,
- vous vous sentez nauséeux parès les repas,
- vous avez fréquemment des gaz intestinaux,
- votre estomac ou votre abdomen est froid au toucher,
- vous avez souvent des éructations avec l'odeur des aliments,
- vous avez souvent des selles molles ou liquides, voire des diarrhées,
- vous avez assez souvent ces traces d'aliments non digérés dans les selles.
Faut-il boire des litres d'eau ?
La question ne se pose pas vraiment pour les fabricants d'eau minérale en bouteille plastique ! La publicité nous dit qu'il faut boire pour éliminer ! Boire beaucoup permettrait, cerise sur le gâteau, de perdre du poids !
Dans la tradition chinoise, tout est question d'équilibre
La quantité d'eau à absorber va donc dépendre de votre constitution, de l'état énergétique de votre rate et de vos reins, du moment.
Selon votre constitution,
vous devez boire modérément et chaud si vous êtes frileux, avec les mains et les pieds froids, avec une tendance à être fatigué, à transpirer peu dans la journée, à avoir des selles molles, à uriner assez fréquemment, clair et en quantité importante, si vous n'éprouvez pas ou peu la soif naturellement.
Vous pouvez boire en quantité si votre soif est en lien avec votre transpiration et la chaleur, si vos urines sont foncées ou peu abondantes, si vous avez une sensation de bouche ou gorge sèche. Préférez toujours les boissons chaudes ou à température ambiante.
Selon l'état de votre rate et de vos reins
Si votre rate et vos reins sont déficients, ils ne transforment pas correctement les liquides. Boire trop est alors une sorte de "grignotage" qui fatigue l'organisme.
Trois symptômes majeurs vous aident à faire votre propre diagnostic sur l'état de votre rate et de vos reins :
- si vous avez l'impression d'uriner autant que ce que vous ingérez,
- si, très vite après avoir bu, vous êtes obligé d'aller uriner,
- si naturellement, vous n'éprouvez pas de soif.
Le résultat d'un excès de liquides dans le corps, contrairement à ce qu'il est dit fréquemment, est de le fatiguer et d'affaiblir les fonctions de la rate et des reins. Ainsi, en dehors de certaines maladies où il est vital de boire beaucoup, la médecine chinoise nous encourage à suivre sa soif ou tout au moins à s'arrêter de boire si nous urinons beaucoup après l'absorption de liquides.
Selon le moment
Boire au début et pendant le repas noie le feu digestif. Cela ralenti le processus digestif et noie les sucs digestifs. La digestion est alors plus longue et moins efficace surtout si la boisson est froide. Buvez chaud et plutôt en fin de repas.
En résumé,
- Sauf maladie, boire à sa soif,
- Boire chaud ou à température ambiante,
- Finir son repas par une boisson chaude en quantité modérée,
- ne pas boire au début, pendant ou après les repas pendant la digestion,
- Boire des quantités qui ne provoquent pas de mictions abondantes.