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L'ionocinèse

L'ionocinèse est une méthode d'électrothérapie vieille de 60 ans dont l'application joue sur deux volets : d'un côté, la revitalisation fonctionnelle agissant sur la peau, les viscères, les défenses immunitaires, la consolidation des fractures, la cicatrisation des plaies, la respiration cellulaire, de l'autre, l'administration ciblée de produits médicamenteux par voie percutanée. L'avantage de cette technique réside dans les faibles doses requises, la durée de rémanence des effets, l'absence presque totale d'effets secondaires, d'allergies ou d'intolérance.

L'ionocinèse est une méthode d'électrothérapie douce, janv. 2024Librement tiré de Soignez-vous ! numéro 14, janvier 2002

Tout commence avec Volta en 1800 qui eût l'idée d'utiliser le courant électrique dans un but thérapeutique. Puis c'est Faraday qui, en 1833, eût l'idée d'introduire dans l'organisme divers ions médicamenteux par électrophorèse[1]. Viennent ensuite les expériences de Fabre-Palaprat, de Kleinke et Hasselstein en 1840, de Richardson en 1859, de Kunk.

Le 19ème siècle connut la consécration de la galvanisation, appelée ionisation à l'époque, avec les travaux de Wagner, Corning, Chéron, Gevaert et Adam Kiewicz entre autre.

Au 20ème siècle, ce sont les travaux de Leduc, de Bergonie en 1903, de Borrel de l'institut Pasteur, de Bourguignon en 1907, de Zwahlen en 1935, de Morissot, ophtalmologiste à Bordeaux, qui prirent la suite.

Il faut attendre 1957 pour que le premier appareil d'ionocinèse voit le jour grâce aux docteurs Morissot et Berthelot.

Quelques expériences fondamentales

L'expérience de Porret met en évidence la cataphorèse. Ceci explique, en électrothérapie, l'hydratation des tissus du côté de la cathode (pôle -) et la déshydratation du côté de l'anode ( pôle +).

L'expérience de Zwahlen met en évidence la pénétration dans les tissus d'un anion iodé placé sur une électrode positive, anode, ainsi que sa migration vers la cathode, électrode négative.

L'expérience des membranes en série permet de comprendre la migration ionique au travers du corps, chaque membrane servant tantôt de cathode, tantôt d'anode.

Dans un état de santé normale, des dépolarisations membranaires s'effectuent régulièrement, établissant ainsi momentanément une perméabilité aux ions, et permettant l'absorption de métabolites. Ainsi, les cellules oscillent en permanence entre deux niveaux d'énergie.

Aspect électrique de la coagulation sanguine

En 1959, Schwartz a mis en évidence que l'application d'un champ négatif empêche ou diminue fortement la formation d'un thrombus b déclenché par des agents chimiques.

L'irrigation tissulaire

Le courant galvanique produit une vasodilatation plus ou moins importante et durable.

Électrophorèse médicamenteuse

Elle peut se faire selon 3 modes :

  • par simple diffusion favorisée par la perméabilisation de la peau sous l'effet du courant,
  • par ionophorèse, transport direct des ions,
  • par électro-osmose, diffusion des ions en sens inverse du gradient de potentiel.

Les ions ont tendance à s'accumuler dans les tissus à faible résistivité qui jouent le rôle de réservoirs comme la lymphe, les tissus conjonctifs, etc. Ainsi, la faible résistivité des tissus cancéreux en fait une cible privilégiée.

Pharmacologie ionique

Les ions minéraux

  • l'ion hydroxyde OH a une action cautérisante.
  • l'ion chloré Cl acidifie le milieu extra-cellulaire.
  • l'ion iode I est un anti-scléreux, anti-arthrosique, favorable dans le cancer du sein, frénateur thyroïdien.
  • L'ionbrome Br est un neuromédiateur antalgique.
  • L'ion anhydride phosphorique est un régénérant des tissus nerveux.
  • L'ion anhydride sulfureux stabilise les colloïdes, est un désensibilisant, un anti-allergique.
  • L'ion sodium Na est un cautérisant et alcanalise les tissus.
  • L'ion magnésium Mg est un cicatrisant majeur. Il oxygène la cellule. C'est un régulateur nerveux, vaso-dilatateur. Il améliore le sommeil.
  • L'ion cuivre Cu est un antiseptique, il améliore les défenses cutanées.
  • L'ion zinc Zn est un antiseptique et un hémostatique.
  • L'ion calcium Ca est un hémostatique. C'est un sédatif nerveux.
  • L'ion lithium Li favorise l'élimination. C'est un anti-goutteux, un sédatif, un anti-dépresseur. Il favorise le sommeil.

Les ions alcaloïdes

  • L'aconitine est un anti-douleur. Il est utilisé pour les névrites, ou neuropathie inflammatoire, lésion inflammatoire d'un nerf.
  • L'atropine est un antispasmodique.
  • La colchicine est un puissant agent anti-cancéreux. C'est un anti-goutteux.

Les ions vitaminiques

  • Vitamine C dans les arthroses, travaux de Linus Pauling.
  • L'héparine pour la résorption des caillots. Il combat l'œdème. Il bloque la dissémination des cellules cancéreuses.

On peut ajouter à cela des hormones (adrénaline, corticoïdes, etc.), des huiles essentielles, des antibiotiques, des sérums tissulaires, le Quinton comme activateur métabolique universel.

Le matériel

C'est un générateur qui assure les fonctions d'autorégulation, de programmation et de réglage. Ensuite, il y a les électrodes et les solutions d'électrolytes.

Entre les électrodes et la peau, on place une double ou triple épaisseur de coton hydrophile exclusivement que l'on imbibe copieusement d'une façon homogène. L'épaisseur du coton doit être suffisante pour protéger  la peau de la formation de soude caustique à la cathode et d'acide chlorhydrique à l'anode.

Enfin, il existe des sondes ionosphères rectales et vaginales, et aussi des œillères ionosphères.

Indications générales de l'ionocinèse

  • En proctologie : hémorroïdes simples, thrombose anale, thrombose hémorroïdaire, hémorragies hémorroïdaires, fissures anales, proctalgie anale fugace.
  • Affections digestives : troubles fonctionnels du côlon, constipation atonique, constipation spasmodique, douleurs abdominales, recto-colite hémorragique, maladie de Crohn, occlusion intestinale, iléus paralytique, hernies diaphragmatiques, diabète pancréatique, insuffisance enzymatique.
  • Hépatologie : hépatite virale, douleurs vésiculaires, calculs biliaires, affections cardio-vasculaires, insuffisance cardiaque, affections coronariennes, artérites des membres, insuffisance veineuse, ulcères variqueux.
  • Neurologie : états dépressifs, migraines, névralgies, zona, névralgies faciales.
  • Rhumatologie : périarthrite de l'épaule, tendinite du coude, tendinite du poignet, syndrome du canal carpien, goutte, arthrose du genou, hydrarthrose, arthrose vertébrale, arthrose de la hanche.
  • Médecine du sport : fatigue, courbatures, crampes, déchirures musculaires, hématomes, fractures.
  • Gynécologie : fibtome utérin, dysphasies, polypes, cancer du col de l'utérus, prolapsus, syndromes douloureux, règles douloureuses, mastose, maladie de reclus, ramollissement ou hypertrophie des seins.
  • Dermatologie esthétique : peaux malsaines, acné, épithélides, peaux sèches ou ridées, cicatrices chéloïdes, cellulite, eczéma sec, prurit allergique, chute des cheveux.
  • Ophtalmologie : Taie de la cornée, cataracte, décollement de la rétine, glaucome, sclérite, choriorétinite, rétinite, hémorragie rétinienne, ischémie rétinienne, névralgie optique, atrophie optique.

 

Note(s)

  1. ^ L'électrophorèse est le mouvement de particules électriquement chargées en colloïde ou de molécules chargées dissoutes, relativement à un fluide et sous l'influence d'un Champ électrique spatialement uniforme.
Philippe Idlas

Auteur·rice : Philippe Idlas

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